Les protocoles de l'expérimentation
au Quai des savoirs à Toulouse en 2024-2025
23 novembre 2024 au Quai des savoirs
Accueil convivial des participant·es
Accueil convivial des participant.es
> 15 min avec toute l’équipe
Autour d’une boisson avec des biscuits ou des fruits pendant lequel on échange et on se met à l’aise avant de commencer l’atelier.
Famille de protocole
- Convivialité
Présentation de l'équipe avec Maëliss, Aline, Marion et Loïc.
Présentation du programme de la journée.
Conférence d'Aline Wiame.
Réveil des sensations physiques
Réveil des sensations physiques
> 10 min animé par Séverine Lefèvre / Valérie Philippin
+ On se met debout, toujours en cercle et chacun.e commence par masser sa paume de la main droite avec sa main gauche puis la pulpe de chaque doigt. On passe au bras droit qu’on pétrit comme une pâte à pain. On remonte le long du bras petit à petit, puis on arrive à l’épaule où on retrouve souvent des tensions dans le trapèze. On va essayer de décoller le trapèze vers le haut en le pinçant avec toute la paume de la main. Si on baille, c’est bon signe, on laisse aller. Puis on recommence à partir de la main gauche que l’on masse et à partir de laquelle on remonte jusqu’au trapèze gauche. On profite de chaque contact pour respirer et pour sentir chaque mouvement.
On s’occupe du bas du dos, des lombaires que l’on frotte et que l’on tapote avec les poings puis on remonte le long du dos en faisant sortir la voix.
+ On se frotte chaque jambe qu’on réchauffe. On prend chaque cuisse qu’on fait rouler avec les deux mains. Puis on pose les mains sur les genoux, pour sentir la chaleur de chaque paume, on reste comme ça quelques secondes. On descend jusqu’aux pieds, qu’on frotte, tapote et gratte.
+ Puis on se relève progressivement jusqu’à retrouver la verticalité. On frotte et on claque légèrement nos doigts près de nos oreilles les yeux fermés, et on écoute, on écoute juste. On frotte ensuite les deux mains, que l’on place contre chaque oreille en creux. On le fait une seconde fois, on écoute et on profite de ce petit bain, de ce réveil.
+ On laisse les bras descendre le long du corps et on s’ancre dans le sol pour sentir comment la région lombaire peut s’ouvrir à chaque respiration.
+ Entre nos deux mains, on imagine une immense feuille de papier qu’on voudrait compresser pour en faire une toute petite boule de papier compressée entre nos mains : ça demande un effort, il y a une densité, jusqu’à obtenir la boule de papier compressée. Et dès qu’on l’a, on souffle et on la lâche.
On s’occupe du bas du dos, des lombaires que l’on frotte et que l’on tapote avec les poings puis on remonte le long du dos en faisant sortir la voix.
+ On se frotte chaque jambe qu’on réchauffe. On prend chaque cuisse qu’on fait rouler avec les deux mains. Puis on pose les mains sur les genoux, pour sentir la chaleur de chaque paume, on reste comme ça quelques secondes. On descend jusqu’aux pieds, qu’on frotte, tapote et gratte.
+ Puis on se relève progressivement jusqu’à retrouver la verticalité. On frotte et on claque légèrement nos doigts près de nos oreilles les yeux fermés, et on écoute, on écoute juste. On frotte ensuite les deux mains, que l’on place contre chaque oreille en creux. On le fait une seconde fois, on écoute et on profite de ce petit bain, de ce réveil.
+ On laisse les bras descendre le long du corps et on s’ancre dans le sol pour sentir comment la région lombaire peut s’ouvrir à chaque respiration.
+ Entre nos deux mains, on imagine une immense feuille de papier qu’on voudrait compresser pour en faire une toute petite boule de papier compressée entre nos mains : ça demande un effort, il y a une densité, jusqu’à obtenir la boule de papier compressée. Et dès qu’on l’a, on souffle et on la lâche.
Famille de protocole
- Protocole de corps
Modalité de groupe
- En grand groupe
Espace
- Dans l'espace
Geste-souffle et geste-son
Geste-souffle et geste-son
> 5 min animé par Valérie Philippin
+ Je vais maintenant inspirer et passer un geste-souffle à mon/ma voisin.e qui va à son tour passer un geste-souffle jusqu’à boucler le cercle.
- Le geste-souffle fait le tour du cercle, chacun.e se le passe de proche en proche. A la fin du cercle, l’artiste-médiatrice récupère le geste-souffle, et l’envoie au centre du cercle.
- On fait la même chose, en partant dans l’autre sens et cette fois-ci avec un geste-son. On n’oublie pas d’inspirer quand on reçoit le geste-son. Le geste-son fait le tour du cercle. A la fin, l’artiste-médiatrice le récupère, et le met dans sa poche, bien au chaud.
Famille de protocole
- Protocole de corps
- Protocole de voix
Modalité de groupe
- En grand groupe
Espace
- En cercle (autour de la boussole ou dans l'espace)
Action
- Ecouter
Cercle des prénoms
Cercle des prénoms
> 3 min animé par Maëliss Le Bricon
+ Une première personne sonorise son prénom avec un geste.
+ Tout le monde reprend, en même temps et le plus précisément possible, le geste et le prénom de la première personne.
+ On recommence pour chacun.e jusqu’à boucler le cercle des prénoms.
+ Tout le monde reprend, en même temps et le plus précisément possible, le geste et le prénom de la première personne.
+ On recommence pour chacun.e jusqu’à boucler le cercle des prénoms.
Crédits
Cercle des prénoms, créé par S-Composition - consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Protocole de corps
- Protocole de voix
Réveil de l'espace et de l'attention
Réveil de l’espace et de l’attention
> 5 min animé par Maëliss Le Bricon
+ On commence par se déplacer dans la salle pour explorer notre gamme de mouvements dans l’espace. On traverse différentes marches pour observer et discerner en quoi elles colorent à chaque fois notre état d'esprit. On essaie de ne laisser aucun espace vide.
- On commence avec une marche dite “normale”.
- Puis on rentre dans la marche des vacances. Comment est-ce qu’on marche pendant les vacances ? Elle va nous envahir, on va se remplir de cet état de vacances, ça peut même contaminer votre visage. C’est quoi cette sensation ?
- On revient à une marche dite “normale”, et on va se saluer dès qu’on croise quelqu’un, avec un clin d'œil, un geste, un sourire, une parole, un son…
- On accélère la marche et on observe les sensations à chaque étape.
- On revient peu à peu à une marche normale, sans s’éteindre, sans se calmer : on profite de tous ces états qui nous traversent.
- Maintenant, on entre dans une marche, comme si on était suivi.e. On écoute tous les bruits et on augmente notre acuité. Comment est-ce qu’on marche quand on est suivi.e ? Dès qu’on est frôlé.e, on bifurque et on prend une autre direction.
- On revient à une marche normale et on respire.
- Puis on entre dans une nouvelle marche : on reconnaît quelqu’un au bout de la pièce, et quand on s’en approche, on se rend compte qu’on s’est trompé.e de personne.
- On reprend une marche normale qu’on va à nouveau accélérer, en veillant à ne pas se rentrer dedans.
- On va ralentir petit à petit jusqu’à trouver l’immobilité.
Famille de protocole
- Protocole de corps
Modalité de groupe
- En grand groupe
Espace
- Dans l'espace
Description oligoptique
Description oligoptique
> 25 min animé par Loïc Chabrier
On va pratiquer ce qu'on appelle notre vision oligoptique.
Observation et écriture
+ Première étape : chacun.e choisit un endroit où il/elle peut trouver plusieurs entités hétérogènes, un endroit pas trop épuré si possible.
+ Étape suivante : chacun.e choisit, parmi sa liste, une entité qu'il va ensuite décrire de manière oligoptique pendant 10 minutes.
Partage des descriptions
+ On se met deux par deux et on lit, chacun.e notre tour, la description oligoptique de l’entité choisie. L’un.e décrit, l’autre écoute, puis on inverse les rôles.
Une définition d’oligoptique
"Oligos" signifie le plus petit élément possible. "Optique" signifie la science de la vision. Ce qu’on fait en pratiquant notre vision oligoptique, c’est qu’on prend un élément, et on essaie de décrire toutes les petites choses, toutes les chaînes de dépendance, tous les petits attachements qui font que cet élément est là. C’est une manière de se rendre compte que le tout est toujours plus petit que ses parties, qu’il y a plus de complexité dans le dépliage de petits éléments que dans les grands ensembles qu’ils composent : on décrit la somme des parties qui constituent un tout. Ce sont ces parties, les plus petites possibles, qu’on appelle des “oligoptiques”. A l’inverse des oligoptiques, les panoptiques donnent l’impression de tout embrasser, de tout voir, d’avoir une vision d’ensemble, alors que non. Par exemple, Google Earth nous permet en quelques clics de passer du globe, à un toit d’immeuble, composé de pixels grisâtres, d’une photo prise à une date précise et passée, qui n’a plus rien à voir et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans cette rue ou sur ce toit. “Les panoramas les plus globaux, eux aussi, ont une adresse, et même s’ils présentent une version savante et quantifiée, si l’on y voit bien « tout », c’est toujours « dans » une salle obscure.”
C’est un protocole essentiel que l’on peut appliquer à chacune des entités qui composent notre terrain de vie : on se demande toujours “de quoi dépend cette entité ? Comment cette entité se maintient ?”. Le but est de sortir des généralités, des entités vagues et englobantes, de sortir des descriptions “yeux verts, yeux marrons” pour aller vers des descriptions beaucoup plus précises et spécifiques qui permettent, en les “dépliant”, de découvrir de plus petits éléments, jusqu’à arriver à ceux sur lesquels on peut potentiellement avoir de la prise.
Réponses aux objections par Bruno Latour
Pourquoi partir des descriptions individuelles au lieu de se soucier plutôt de l’intérêt général ?
Réponse : « parce que le but est justement de monter trop vite en généralité pour recomposer différemment ce qui fait l’intérêt général. Il a là une question de théorie sociale. On perd de vue cette idée chaque fois que l’on confond la notion de réseau avec celle de niveau. Macron est à l’Elysée dans un bureau. Est-ce que ce bureau est « grand » ? Pas tellement plus de 100 m2. Mais il grandit, s’il est connecté par le truchement de téléphones, de conseillers, de statistiques, de conseils, de rapports et de conduits juridiques à « toute la France » (ce qui veut dire aux quelques points pertinents qui représentent, dans son bureau, « toute la France » sans oublier les « visiteurs du soir »). Je suis dans ma petite cabane à Chatelperron : est-ce que je suis plus petit que le président de la République ? Évidemment, le nombre de connections dont je dispose est minuscule par rapport aux siennes. Cette différence de dimension, faut-il pour autant la ranger dans une différence de niveaux en disant que Macron a une vision « globale » que je n’ai pas ? Oui et non. Si l’on entend par là, les connexions toutes locales qui lui permettent de parler au nom de « toute la France », à coup sûr. Mais si l’on entend par là, qu’il y a comme un gigantesque, hégémonique, dominant « pouvoir » qui flotterait au-dessus de moi et qui serait « à un autre niveau », dépendrait d’autres ressources et dont Macron ne serait que la personnalisation provisoire, alors, certainement pas. La preuve, c’est que si les connections sont mauvaises ou coupées une à une : mauvais conseils, statistiques truquées, mécontentement des militaires, etc. quand Macron parlera, ce ne sera plus « La France », mais l’individu qui occupe un bureau désert de cent m2 à l’Elysée ou le téléphone a cessé de sonner. Il pourra toujours invoquer à son secours « le pouvoir » ou le « système » ou même le célébrissime « appareil d’État », rien n’y fera. Par une situation exactement inverse de celle qui a fait passer Steve Jobs de son petit garage à une entreprise anonyme et géante, le président de la France serait passé d’un pouvoir anonyme et global à un simple individu dans son bureau doré. L’histoire politique est aussi remplie de ces renversements progressifs que l’histoire industrielle.
L’opposition entre individu et société est une fiction polémique et stratégique qui ne résiste pas à l’examen le plus superficiel : prenez le CV de quelqu’un que vous ne connaissez pas : comment allez-vous la connaître ? Mais en lisant les lignes de plus en plus nombreuses du bien nommé « curriculum vitae », parcours de vie ; et où cela va-t-il vous mener ? Mais partout ! C’est l’évidence même : dans les institutions où elle a travaillé, les pays qu’elle a visité, les compétences qu’elle a acquises. La fameuse et sempiternelle opposition entre le niveau individuel et le niveau des structures, ne correspond jamais à l’expérience. Laquelle au contraire nous permet toujours de définir la particularité, l’idiosyncrasie, la spécificité d’une personne en s’éloignant toujours davantage d’elle et en visitant le monde qu’elle a, parfois de façon minuscule, infléchi. Une personne, c’est un holobiont. »
Observation et écriture
+ Première étape : chacun.e choisit un endroit où il/elle peut trouver plusieurs entités hétérogènes, un endroit pas trop épuré si possible.
- Pendant 5 minutes, chacun.e note tout ce qu’il/elle perçoit dans cette tranche d'éléments sous forme de liste avec toutes les entités visibles dans cette tranche, à plat, de manière complètement horizontale, sans savoir si c’est ou non un.e humain.e, une matière, un objet, on note tout. On reste très fidèle à la tranche et on ne cherche pas à regarder derrière, à imaginer ce qu’on ne voit pas. On note chaque élément, sans préjugés du type “ça, ça m'intéresse”, “ça, c’est intéressant” ou “ça, ce n’est pas intéressant”.
+ Étape suivante : chacun.e choisit, parmi sa liste, une entité qu'il va ensuite décrire de manière oligoptique pendant 10 minutes.
- D'abord, on se demande : “de quoi dépend cette entité pour être là ?” On peut s’intéresser à son cycle de fabrication : “Comment est-elle arrivée là ? Comment a-elle été fabriquée, d’où elle vient, avec quelles matières ? Quelle est la liste des acteurs impliqués dans cet objet ?”
- Ensuite, on s’intéresse à la somme des entités qui maintiennent cet élément dans l’existence : “de quoi dépend cette entité pour être là ? Quels sont les autres êtres, entités, objets socio-techniques mobilisés pour que cet être soit là aujourd'hui et peut-être demain ? Qu’est-ce qui lui permet de se maintenir dans l’existence ? Quel est le récit de vie de cet objet ? Quelles sont les entités qui composent la vie de cet objet ?”.
- Les entités peuvent être des humain.es, non-humain.es, des lois, des horaires, des clefs, des objets socio-techniques…
Partage des descriptions
+ On se met deux par deux et on lit, chacun.e notre tour, la description oligoptique de l’entité choisie. L’un.e décrit, l’autre écoute, puis on inverse les rôles.
Une définition d’oligoptique
"Oligos" signifie le plus petit élément possible. "Optique" signifie la science de la vision. Ce qu’on fait en pratiquant notre vision oligoptique, c’est qu’on prend un élément, et on essaie de décrire toutes les petites choses, toutes les chaînes de dépendance, tous les petits attachements qui font que cet élément est là. C’est une manière de se rendre compte que le tout est toujours plus petit que ses parties, qu’il y a plus de complexité dans le dépliage de petits éléments que dans les grands ensembles qu’ils composent : on décrit la somme des parties qui constituent un tout. Ce sont ces parties, les plus petites possibles, qu’on appelle des “oligoptiques”. A l’inverse des oligoptiques, les panoptiques donnent l’impression de tout embrasser, de tout voir, d’avoir une vision d’ensemble, alors que non. Par exemple, Google Earth nous permet en quelques clics de passer du globe, à un toit d’immeuble, composé de pixels grisâtres, d’une photo prise à une date précise et passée, qui n’a plus rien à voir et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans cette rue ou sur ce toit. “Les panoramas les plus globaux, eux aussi, ont une adresse, et même s’ils présentent une version savante et quantifiée, si l’on y voit bien « tout », c’est toujours « dans » une salle obscure.”
C’est un protocole essentiel que l’on peut appliquer à chacune des entités qui composent notre terrain de vie : on se demande toujours “de quoi dépend cette entité ? Comment cette entité se maintient ?”. Le but est de sortir des généralités, des entités vagues et englobantes, de sortir des descriptions “yeux verts, yeux marrons” pour aller vers des descriptions beaucoup plus précises et spécifiques qui permettent, en les “dépliant”, de découvrir de plus petits éléments, jusqu’à arriver à ceux sur lesquels on peut potentiellement avoir de la prise.
Réponses aux objections par Bruno Latour
Pourquoi partir des descriptions individuelles au lieu de se soucier plutôt de l’intérêt général ?
Réponse : « parce que le but est justement de monter trop vite en généralité pour recomposer différemment ce qui fait l’intérêt général. Il a là une question de théorie sociale. On perd de vue cette idée chaque fois que l’on confond la notion de réseau avec celle de niveau. Macron est à l’Elysée dans un bureau. Est-ce que ce bureau est « grand » ? Pas tellement plus de 100 m2. Mais il grandit, s’il est connecté par le truchement de téléphones, de conseillers, de statistiques, de conseils, de rapports et de conduits juridiques à « toute la France » (ce qui veut dire aux quelques points pertinents qui représentent, dans son bureau, « toute la France » sans oublier les « visiteurs du soir »). Je suis dans ma petite cabane à Chatelperron : est-ce que je suis plus petit que le président de la République ? Évidemment, le nombre de connections dont je dispose est minuscule par rapport aux siennes. Cette différence de dimension, faut-il pour autant la ranger dans une différence de niveaux en disant que Macron a une vision « globale » que je n’ai pas ? Oui et non. Si l’on entend par là, les connexions toutes locales qui lui permettent de parler au nom de « toute la France », à coup sûr. Mais si l’on entend par là, qu’il y a comme un gigantesque, hégémonique, dominant « pouvoir » qui flotterait au-dessus de moi et qui serait « à un autre niveau », dépendrait d’autres ressources et dont Macron ne serait que la personnalisation provisoire, alors, certainement pas. La preuve, c’est que si les connections sont mauvaises ou coupées une à une : mauvais conseils, statistiques truquées, mécontentement des militaires, etc. quand Macron parlera, ce ne sera plus « La France », mais l’individu qui occupe un bureau désert de cent m2 à l’Elysée ou le téléphone a cessé de sonner. Il pourra toujours invoquer à son secours « le pouvoir » ou le « système » ou même le célébrissime « appareil d’État », rien n’y fera. Par une situation exactement inverse de celle qui a fait passer Steve Jobs de son petit garage à une entreprise anonyme et géante, le président de la France serait passé d’un pouvoir anonyme et global à un simple individu dans son bureau doré. L’histoire politique est aussi remplie de ces renversements progressifs que l’histoire industrielle.
L’opposition entre individu et société est une fiction polémique et stratégique qui ne résiste pas à l’examen le plus superficiel : prenez le CV de quelqu’un que vous ne connaissez pas : comment allez-vous la connaître ? Mais en lisant les lignes de plus en plus nombreuses du bien nommé « curriculum vitae », parcours de vie ; et où cela va-t-il vous mener ? Mais partout ! C’est l’évidence même : dans les institutions où elle a travaillé, les pays qu’elle a visité, les compétences qu’elle a acquises. La fameuse et sempiternelle opposition entre le niveau individuel et le niveau des structures, ne correspond jamais à l’expérience. Laquelle au contraire nous permet toujours de définir la particularité, l’idiosyncrasie, la spécificité d’une personne en s’éloignant toujours davantage d’elle et en visitant le monde qu’elle a, parfois de façon minuscule, infléchi. Une personne, c’est un holobiont. »
Crédits
Description oligoptique, créé par le Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Description
Modalité de groupe
- En petits groupes (2 ou plus)
Espace
- Dans l'espace
Action
- Ecrire
- Lire
- Ecouter
Ecriture du questionnaire
Ecriture du questionnaire
> 15 min animé par Loïc Chabrier et Maëliss Le Bricon
+ Les artistes-médiateur.rices lisent une première fois le questionnaire pour expliciter chaque élément avec les participant.es. S’il y a des questions, les artistes-médiateur.rices y répondent au fur et à mesure.
1. Pouvez-vous faire la liste des êtres / éléments / entités / activités indispensables à votre existence dont vous avez appris que son maintien était menacé ? (de 0 à 5)
Chacun.e cherche des entités qui sont indispensables, vitales, essentielles à son existence et dont il/elle a appris que leur maintien était menacé. Chacun.e cherche à partir de son expérience vécue, d’une situation concrète qui le/la concerne directement.
Il s’agit d’une situation à laquelle il/elle est confronté.e et face à laquelle il/elle se sent impuissant.e. C’est comme un caillou dans la chaussure, qui fait mal quotidiennement quand on marche.
On répond sous forme de liste, comme pour faire une liste de course.
2. Pouvez-vous décrire précisément en quelques lignes en quoi la présence de cet élément vous est indispensable ? (minimum 3 phrases).
On choisit une entité parmi la liste énoncée dans la première réponse, qui compte plus que les autres et qui est particulièrement menacée.
En quelques lignes, on décrit en quoi cet élément nous est personnellement indispensable et vital. Cette entité devient le concernement, ce à quoi je tiens, qui me fait tenir et qui est menacé de disparaître.
3. Quand avez-vous pris connaissance de cette menace ?
On décrit quand on a eu connaissance de cette disparition.
4. Pouvez-vous nommer par qui ou par quoi cet élément est menacé ?
5. Pouvez-vous nommer par qui ou par quoi cet élément est menacé ?
On décrit sous forme de liste les entités qui participent au maintien du concernement et on décrit l’action de chaque entité.
6. Pouvez-vous lister des êtres, des entités auxquels il faut s’adresser pour favoriser le maintien de cet élément ?
On décrit sous forme de liste les entités à qui s’adresser pour éviter que le concernement ne disparaisse.
7. Décrivez maintenant ce que vous êtes prêt à faire pour contrer cette menace.
On écrit, avec sincérité, si on serait prêt à faire quelque chose pour défendre ce concernement. Si, par exemple, on nous réveille en pleine nuit pour défendre ce concernement, est-ce qu’on se lève ou on est-ce qu’on se recouche ? On essaie de sonder si l’attachement est vital ou si on se sent vaguement touché par ce concernement. Si c’est le cas, on recommence le questionnaire avec un autre concernement jusqu’à se sentir concerné, même si on n’a pas trouvé de réponses à toutes les questions.
+ On prend un temps pour répondre au questionnaire chacun.e pour soi. Les artistes médiateur.rices circulent et accompagnent les participant.es dans l’écriture du questionnaire.
+ Ceci est un premier temps d’écriture qui sera réitéré tout au long du processus d’enquête. Les réponses seront amenées à évoluer.
+ Il est précisé que le questionnaire ne sera surtout pas ramassé mais qu’il guide chaque participant.e tout au long de son enquête.
+ Pour l’instant on répond au questionnaire et on ne tient pas compte de la boussole.
L’objectif de l'exercice est d’habituer les participants à écrire sans peur de la « mauvaise réponse ». Ce que l’on appelle « extériorisation de la parole » consiste à lire à haute-voix ses réponses, à les partager, et à les dicter au scribe qui les écrit sans les modifier d’un mot. La forme compte car elle est corrélée au niveau de précision plus ou moins important des réponses. Les phrases énoncées par chaque participant sont relues par le scribe à voix haute.
1. Pouvez-vous faire la liste des êtres / éléments / entités / activités indispensables à votre existence dont vous avez appris que son maintien était menacé ? (de 0 à 5)
Chacun.e cherche des entités qui sont indispensables, vitales, essentielles à son existence et dont il/elle a appris que leur maintien était menacé. Chacun.e cherche à partir de son expérience vécue, d’une situation concrète qui le/la concerne directement.
Il s’agit d’une situation à laquelle il/elle est confronté.e et face à laquelle il/elle se sent impuissant.e. C’est comme un caillou dans la chaussure, qui fait mal quotidiennement quand on marche.
On répond sous forme de liste, comme pour faire une liste de course.
2. Pouvez-vous décrire précisément en quelques lignes en quoi la présence de cet élément vous est indispensable ? (minimum 3 phrases).
On choisit une entité parmi la liste énoncée dans la première réponse, qui compte plus que les autres et qui est particulièrement menacée.
En quelques lignes, on décrit en quoi cet élément nous est personnellement indispensable et vital. Cette entité devient le concernement, ce à quoi je tiens, qui me fait tenir et qui est menacé de disparaître.
3. Quand avez-vous pris connaissance de cette menace ?
On décrit quand on a eu connaissance de cette disparition.
4. Pouvez-vous nommer par qui ou par quoi cet élément est menacé ?
- On décrit sous forme de liste les entités qui menacent le concernement et on décrit l'action de chaque entité.
5. Pouvez-vous nommer par qui ou par quoi cet élément est menacé ?
On décrit sous forme de liste les entités qui participent au maintien du concernement et on décrit l’action de chaque entité.
6. Pouvez-vous lister des êtres, des entités auxquels il faut s’adresser pour favoriser le maintien de cet élément ?
On décrit sous forme de liste les entités à qui s’adresser pour éviter que le concernement ne disparaisse.
7. Décrivez maintenant ce que vous êtes prêt à faire pour contrer cette menace.
On écrit, avec sincérité, si on serait prêt à faire quelque chose pour défendre ce concernement. Si, par exemple, on nous réveille en pleine nuit pour défendre ce concernement, est-ce qu’on se lève ou on est-ce qu’on se recouche ? On essaie de sonder si l’attachement est vital ou si on se sent vaguement touché par ce concernement. Si c’est le cas, on recommence le questionnaire avec un autre concernement jusqu’à se sentir concerné, même si on n’a pas trouvé de réponses à toutes les questions.
+ On prend un temps pour répondre au questionnaire chacun.e pour soi. Les artistes médiateur.rices circulent et accompagnent les participant.es dans l’écriture du questionnaire.
+ Ceci est un premier temps d’écriture qui sera réitéré tout au long du processus d’enquête. Les réponses seront amenées à évoluer.
+ Il est précisé que le questionnaire ne sera surtout pas ramassé mais qu’il guide chaque participant.e tout au long de son enquête.
+ Pour l’instant on répond au questionnaire et on ne tient pas compte de la boussole.
L’objectif de l'exercice est d’habituer les participants à écrire sans peur de la « mauvaise réponse ». Ce que l’on appelle « extériorisation de la parole » consiste à lire à haute-voix ses réponses, à les partager, et à les dicter au scribe qui les écrit sans les modifier d’un mot. La forme compte car elle est corrélée au niveau de précision plus ou moins important des réponses. Les phrases énoncées par chaque participant sont relues par le scribe à voix haute.
Crédits
Ecriture du questionnaire, créé par Bruno Latour avec le Consortium Où atterrir ? en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Questionnaires
Modalité de groupe
- Seul·e
Espace
- A la table
- Dans la boussole
Action
- Ecrire
- S'auto-décrire
Fichier : Questionnaire_et_boussole.pdf
Télécharger
Ronde des concernements
Ronde des concernements
> 15 min animé par Maëliss Le Bricon, Loïc Chabrier et Marion Albert
Tout le monde prend 5 secondes pour nommer pour soi son concernement, tel qu’il/elle le définit aujourd’hui. On commence la collecte pour créer un paysage avec tous les concernements des personnes présentes.
« Lisez exactement ce que vous avez écrit sur votre papier dans la demi-heure d’avant ». C’est ce que Soheil nous a donné comme consigne. Et quand il dit « lire exactement » ce n’est pas commenter, broder, faire un discours, haranguer la foule. « Ce que vous avez écrit, vous le lisez. Point ». S’il y a marqué « planète bleue », c’est « planète bleue ».
Bruno Latour
+ La musique commence.
+ Chacun.e part du haut de la boussole et vient au centre pour annoncer à haute voix “Je m’appelle… j’habite à… et mon concernement c’est…”.
Loïc et Marion notent en même temps chaque concernement, qui s’ajoute sur l’écran projeté. Si les participant.es remarquent une erreur ou une coquille, ils/elles vont voir les scribes pour la corriger.
+ Les participant.es se relaient les un.es après les autres comme un flow, sans interruption.
« Lisez exactement ce que vous avez écrit sur votre papier dans la demi-heure d’avant ». C’est ce que Soheil nous a donné comme consigne. Et quand il dit « lire exactement » ce n’est pas commenter, broder, faire un discours, haranguer la foule. « Ce que vous avez écrit, vous le lisez. Point ». S’il y a marqué « planète bleue », c’est « planète bleue ».
Bruno Latour
+ La musique commence.
+ Chacun.e part du haut de la boussole et vient au centre pour annoncer à haute voix “Je m’appelle… j’habite à… et mon concernement c’est…”.
Loïc et Marion notent en même temps chaque concernement, qui s’ajoute sur l’écran projeté. Si les participant.es remarquent une erreur ou une coquille, ils/elles vont voir les scribes pour la corriger.
+ Les participant.es se relaient les un.es après les autres comme un flow, sans interruption.
Crédits
Ronde des concernements, créé par S-Composition- Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Protocole de corps
- Protocole de voix
- Questionnaires
Modalité de groupe
- En grand groupe
Espace
- Dans la boussole
Action
- S'auto-décrire
Collecte du 23 novembre 2024 :
. le pluralisme dans l’enseignement et la recherche
. faire société autrement
. un avenir sans acouphène
. les petits cours d’eau
. un maintien de la vie culturelle plurielle
. la liberté des femmes dans l’espace urbain
. le respect de la dignité humaine comme droit fondamental et inaliénable
. l’éducation à une alimentation saine et de qualité en circuit court pour tous
. l’architecture art nouveau dans la région Bruxelles capitale
. le sensible, comment on s’engage les uns face aux autres
. le respect et la sécurité de la personne chez celles et ceux qui ont de l’endométriose en France
. l’eau de source , celle de la Masse d’Agen à Monbalen (47)
. la biodiversité dans la vallée de Vicdessos en Ariège
. un temps long de recherche qui soit reconnu et valorisé
. la diversité des possibles
. le maintien et le développement d’espaces de care, du prendre soin et de mixité
. la liberté et le respect d’exprimer une pensée critique du républicanisme qualifiée de wokisme
. le régime général de la sécurité sociale en France
. l’eau dans la Garonne
. ma et la sensibilité
. la libre circulation et la place des enfants dans l’espace public à Toulouse
. la santé mentale chez les jeunes
. du temps pour penser de manière créative et approfondie en contexte de management de la vie académique
. la foi éclairée dans notre avenir collectif
. l’accès à une information rigoureuse, fiable, contradictoire et encapacitante en France
. la considération et la représentation de la rivière Aveyron comme une entité multispécifique agissant à chaque instant et chaque endroit à l’échelle de son bassin-versant
. la relation et la représentation avec la nappe phréatique d’Ariège
PAUSE
Faire une ligne
Faire une ligne
> 4 min animé par Loïc Chabrier
+ On fait une ligne droite de la plus petite à la plus grande personne sans se parler.
+ L’artiste-médiateur encourage les participant.es à faire la ligne jusqu’au bout, à prendre le temps de s’ajuster si nécessaire, jusqu’à qu’ils/elles soient satisfait.es du résultat.
+ L’artiste-médiateur encourage les participant.es à faire la ligne jusqu’au bout, à prendre le temps de s’ajuster si nécessaire, jusqu’à qu’ils/elles soient satisfait.es du résultat.
Crédits
Faire une ligne, créé par Siti compagnie et proposé par S-Composition- Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Protocole de corps
- Cartographie
Pensée en action par Aline : territoire où on vit et territoire dont on vit.
Boussole vivante - initiation
Boussole vivante - initiation
> 15 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier
La règle d’or à laquelle on se tient en atelier et jusqu’à la fin de l’expérimentation :
On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne rebondit pas, jamais.
+ Le/la citoyen.ne-expert.e appelle chaque entité de sa boussole en commençant par les menaces, et en finissant par les allié.es. Dès qu’un.e participant.e entend une entité qu’il/elle a envie d’incarner, il/elle entre dans la boussole. Le/la citoyenne-experte le/la place et décrit précisément l’action de l’entité : ce qu’elle fait qui maintient ou menace le concernement.
+ On répète ce processus pour 3 entités menaçantes, et 3 entités alliées.
+ Au fur et à mesure que les participant.es se placent sur la boussole, un.e scribe saisit et projette en même temps la boussole en version numérique sur l’écran.
+ Une fois que les participant.es sont placé.es, chacun.e propose une sculpture vivante qui représente l’action de l’entité qu’il/elle incarne.
On ne donne jamais son opinion, on ne discute pas, on ne rebondit pas, jamais.
+ Le/la citoyen.ne-expert.e appelle chaque entité de sa boussole en commençant par les menaces, et en finissant par les allié.es. Dès qu’un.e participant.e entend une entité qu’il/elle a envie d’incarner, il/elle entre dans la boussole. Le/la citoyenne-experte le/la place et décrit précisément l’action de l’entité : ce qu’elle fait qui maintient ou menace le concernement.
+ On répète ce processus pour 3 entités menaçantes, et 3 entités alliées.
+ Au fur et à mesure que les participant.es se placent sur la boussole, un.e scribe saisit et projette en même temps la boussole en version numérique sur l’écran.
+ Une fois que les participant.es sont placé.es, chacun.e propose une sculpture vivante qui représente l’action de l’entité qu’il/elle incarne.
Crédits
Boussole vivante créé par le studio SOC (Société d'Objets Cartographiques) - Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 et adapté par le Collectif Rivage en 2021-2023 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Cartographie de la boussole
Cartographie de la boussole
> 25 min animé par Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier
+ L’objectif de la boussole et de nous aider à nous repérer sur notre terrain de vie pour agir politiquement et défendre nos conditions de subsistance dans un contexte soumis au Nouveau régime climatique.
Elle permet de cartographier l’enquête que chacun.e mène à partir d’un concernement : ce à quoi je tiens / qui me fait tenir et qui est menacé de disparaître.
La boussole est composée de deux parties : la partie basse représente la situation présente, ce dont j’hérite et la partie haute qui représente la situation future de mon terrain de vie, ce que je vais transmettre et qui peut se stériliser ou au contraire maintenir ses conditions d’engendrement. Tout dépendra de l’enquête et des actions que je mettrai en œuvre pour défendre mon concernement.
+ Pour chaque entités repérées dans le questionnaire sur sa boussole papier, on place :
+ On ajuste la position de chaque entité, en fonction de l’action et de son degré d’intensité (faible menace, maintient important…). Plus l'intensité est élevée, plus l’entité se trouve proche de la ligne horizontale de la boussole.
+ Enfin, on positionne chaque entité en fonction du degré de proximité que l’on entretient avec elles, c’est-à-dire si elles sont ou non à ma portée. Si je peux les contacter ou échanger avec elle autour d’un café, elles se trouvent dans le cercle intérieur. Si ce n’est pas le cas, les entités sont hors de portées et se situent dans le cercle extérieur.
Elle permet de cartographier l’enquête que chacun.e mène à partir d’un concernement : ce à quoi je tiens / qui me fait tenir et qui est menacé de disparaître.
La boussole est composée de deux parties : la partie basse représente la situation présente, ce dont j’hérite et la partie haute qui représente la situation future de mon terrain de vie, ce que je vais transmettre et qui peut se stériliser ou au contraire maintenir ses conditions d’engendrement. Tout dépendra de l’enquête et des actions que je mettrai en œuvre pour défendre mon concernement.
+ Pour chaque entités repérées dans le questionnaire sur sa boussole papier, on place :
- le concernement : au centre
- les entités qui maintiennent le concernement : en bas à droite
- les entités qui menacent le concernement : en bas à gauche
+ On ajuste la position de chaque entité, en fonction de l’action et de son degré d’intensité (faible menace, maintient important…). Plus l'intensité est élevée, plus l’entité se trouve proche de la ligne horizontale de la boussole.
+ Enfin, on positionne chaque entité en fonction du degré de proximité que l’on entretient avec elles, c’est-à-dire si elles sont ou non à ma portée. Si je peux les contacter ou échanger avec elle autour d’un café, elles se trouvent dans le cercle intérieur. Si ce n’est pas le cas, les entités sont hors de portées et se situent dans le cercle extérieur.
Crédits
Cartographie de la boussole, créé par le studio SOC (Société d'Objets Cartographique) - consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Questionnaires
- Cartographie
Modalité de groupe
- Seul·e
Espace
- A la table
Action
- Ecrire
- S'auto-décrire
Fichier : Boussoles1_Carnet_questionnaire.jpg
Télécharger
Rituel de fin : marmite
Rituel de fin : marmite
> 15 min animé par Maëliss Le Bricon
On se met en cercle autour de la boussole.
Sur le mode de la marmite et du counting : on va nommer un moment saillant de cette journée, très court, et le mettre au centre de la boussole avant de se quitter.
Sur le mode de la marmite et du counting : on va nommer un moment saillant de cette journée, très court, et le mettre au centre de la boussole avant de se quitter.
Crédits
Rituel de fin : marmite, créé par S-Composition- Consortium Où atterrir ? dirigé par Bruno Latour en 2019-2021 - Creative Commons - Licence CC BY-NC-SA 4.0
Famille de protocole
- Protocole de voix
- Description
Modalité de groupe
- En grand groupe
Espace
- Dans l'espace
- Dans la boussole
Action
- Ecouter
- S'auto-décrire
Inscriptions aux parcours et aux kiosques.
OÙ ATTERRIR ?
Une expérimentation artistique, scientifique et politique à partir des travaux de Bruno Latour pour revitaliser nos pratiques démocratiques et co-construire l’action publique en faveur de l’habitabilité des territoires
Le Fanzine en format papier à imprimer

EXTRAIT DE LA CONFERENCE D’ALINE WIAME DU 12 OCTOBRE 2024 AU QUAI DES SAVOIRS
« Bruno Latour actait le fait que, toutes et tous, nous devons hériter de ces territoires de vie en plus ou moins mauvais état, mais que tout le monde n’en hérite pas de la même façon. Comme aimait à le dire Latour : “nous ne vivons pas sur la même planète !”. Il y a d’abord ceux qui refusent purement et simplement d’hériter, et qui sont prêts à abandonner non seulement leur territoire de vie, mais toute la terre, à leur sort.
C’est le cas d’Elon Musk qui envoie ses fusées dans l’espace avec une opiniâtreté déconcertante, et qui rêve avec quelques autres milliardaires littéralement hors-sol de laisser derrière eux la planète que leur surexploitation a mise à feu et à sang, en rêvant d’aller “terraformer” la Lune, Mars, ou que sais-je, avec quelques privilégiés (il y a souvent, en plus, des fantasmes eugénistes dans ces rêves de grandeur) – et tant pis pour les autres, qui se débrouilleront avec les rebuts qu’on aura bien voulu leur laisser.
C’est le même raisonnement que l’on retrouve chez les ultrariches survivalistes qui se préparent à une apocalypse fantasmatique en achetant à prix d’or des place dans des bunkers en Nouvelle-Zélande, avec miradors inclus pour repousser (sinon tirer à balles réelles sur) les pauvres hères qui demanderaient refuge sans avoir payé leur place.
Mais c’est le cas aussi d’un milliardaire/millionnaire (son statut fiscal n’est pas clair) comme Donald Trump – car c’est l’élection de Trump à la maison blanche, et ce qu’elle signifie politiquement, qui ouvre le livre Où atterrir ?. Avec Trump, souligne Latour, on n’a plus affaire à du climatoscepticisme à l’ancienne (nier la réalité du réchauffement climatique, ou sa gravité) mais à quelque chose de plus inquiétant encore : l’indifférence, le “climatoquiétisme”. L’air peut bien être de plus en plus pollué, les mégafeux se multiplier, les tempêtes et les inondations dévaster nos maisons : ce n’est pas l’affaire des ultrariches, ce sera le problème des générations suivantes et, au pire, les plus favorisés pourront s’abriter dans un bunker. »
« Bruno Latour actait le fait que, toutes et tous, nous devons hériter de ces territoires de vie en plus ou moins mauvais état, mais que tout le monde n’en hérite pas de la même façon. Comme aimait à le dire Latour : “nous ne vivons pas sur la même planète !”. Il y a d’abord ceux qui refusent purement et simplement d’hériter, et qui sont prêts à abandonner non seulement leur territoire de vie, mais toute la terre, à leur sort.
C’est le cas d’Elon Musk qui envoie ses fusées dans l’espace avec une opiniâtreté déconcertante, et qui rêve avec quelques autres milliardaires littéralement hors-sol de laisser derrière eux la planète que leur surexploitation a mise à feu et à sang, en rêvant d’aller “terraformer” la Lune, Mars, ou que sais-je, avec quelques privilégiés (il y a souvent, en plus, des fantasmes eugénistes dans ces rêves de grandeur) – et tant pis pour les autres, qui se débrouilleront avec les rebuts qu’on aura bien voulu leur laisser.
C’est le même raisonnement que l’on retrouve chez les ultrariches survivalistes qui se préparent à une apocalypse fantasmatique en achetant à prix d’or des place dans des bunkers en Nouvelle-Zélande, avec miradors inclus pour repousser (sinon tirer à balles réelles sur) les pauvres hères qui demanderaient refuge sans avoir payé leur place.
Mais c’est le cas aussi d’un milliardaire/millionnaire (son statut fiscal n’est pas clair) comme Donald Trump – car c’est l’élection de Trump à la maison blanche, et ce qu’elle signifie politiquement, qui ouvre le livre Où atterrir ?. Avec Trump, souligne Latour, on n’a plus affaire à du climatoscepticisme à l’ancienne (nier la réalité du réchauffement climatique, ou sa gravité) mais à quelque chose de plus inquiétant encore : l’indifférence, le “climatoquiétisme”. L’air peut bien être de plus en plus pollué, les mégafeux se multiplier, les tempêtes et les inondations dévaster nos maisons : ce n’est pas l’affaire des ultrariches, ce sera le problème des générations suivantes et, au pire, les plus favorisés pourront s’abriter dans un bunker. »

ENTRETIEN AVEC BRUNO LATOUR
« Nul autre que le citoyen n’est en mesure d’explorer et de décrire ce à quoi il est réellement attaché. Et sans cette auto-description, point de compréhension réelle du territoire vécu.
Nous proposons de nommer “territoire” ou “terrain de vie” cette explicitation des conditions matérielles d’existence qu’appelle le nouveau régime climatique. Et la “description de ces territoires” est cette tâche d’exploration indispensable qui précède, à nos yeux, toute reprise de vie publique.
Le mot “territoire” ne renvoie pas ici à un espace administratif ou géographique : il est défini par la somme des appartenances et en opposition avec la communauté imaginaire recueillie dans la question de l’identité. “Dites-moi ce qui vous permet de subsister, ce que vous pouvez représenter, ce que vous êtes prêt à entretenir et à défendre, je vous dirai quel est votre territoire.”
Bien sûr, et nous en sommes conscients, les termes sol, terroir, terre, heimat… peuvent sembler inadéquats, voire dangereux. Tous, en effet, risquent de se trouver associés, d’une façon ou d’une autre, à des politiques “réactionnaires” et ils l’ont été au cours des siècles précédents. Mais, en même temps, la crise générale d’appartenance et l’atterrissage sur une “nouvelle terre” (en tout cas sur une terre nouvellement définie) exigent de se reposer la question des attachements et de revenir aux interrogations fondamentales de l’anthropologie politique : quel peuple, sur quel sol, dans quel but commun? Le projet est à la fois ambitieux et délicat : accepter d’interroger ces notions périlleuses, sinon toxiques, sans réduire aussitôt la question du territoire à l’identité ou aux frontières. Et c’est bien parce que la conduite d’une telle enquête est si délicate qu’elle ne peut reposer que sur une méthode originale, exigeant l’auto-description.
AMI OU ENNEMI ?
Parler d’auto-description, c’est souligner qu’il ne s’agit en aucun cas d’une étude des conditions matérielles des citoyens, conduite par des spécialistes. Certes, tout le travail d’enquête effectué par les sciences naturelles et sociales sur ces territoires devra être une ressource indispensable, mais seulement dans un deuxième temps, une fois aiguisé l’appétit de s’en nourrir. Le problème politique actuel ne tient pas au manque de connaissances, mais au manque de descriptions partagées, après cinquante ans de dépolitisation et d’individualisation. Cette dérive nous a rendus incapables de définir le sol sur lequel nous résidons et donc de déceler les amis avec qui nous sommes prêts à cohabiter aussi bien que les ennemis qu’il nous faut combattre.
Nous avons constaté, dans notre expérience, que le simple fait de poser la question des attachements redonne une attitude politique, une assise nouvelle, presque une fierté, à ceux à qui l’on s’adresse. Cet effet – que l’on pourrait dire thérapeutique, étant donné la désespérance dans laquelle se trouvent souvent les acteurs – se distingue radicalement du recueil d’opinions ou de l’expression des valeurs auxquelles sont supposés tenir les gens interrogés. Sonder les citoyens sur leurs valeurs ou leurs opinions ne produit pas forcément grand-chose en termes de compréhension du territoire vécu et ne définit aucunement les lignes de conflits et de controverses permettant de retrouver des marges de manœuvre. Les centaines de milliers d’opinions recueillies pas le “grand débat” n’ont pas accouché de beaucoup de descriptions ayant aidé des citoyens à reprendre pied. Rien à voir, de ce point de vue, avec l’ampleur et l’importance des “cahiers de doléances” qui ont précédé la Révolution française en 1789 et qui ont permis au peuple français d’émerger de la description méticuleuse de ses conditions de vie. »
Extrait de la Revue Projet «Savons-nous encore débattre ?», numéro 373 - décembre 2019 / janvier 2020
« Nul autre que le citoyen n’est en mesure d’explorer et de décrire ce à quoi il est réellement attaché. Et sans cette auto-description, point de compréhension réelle du territoire vécu.
Nous proposons de nommer “territoire” ou “terrain de vie” cette explicitation des conditions matérielles d’existence qu’appelle le nouveau régime climatique. Et la “description de ces territoires” est cette tâche d’exploration indispensable qui précède, à nos yeux, toute reprise de vie publique.
Le mot “territoire” ne renvoie pas ici à un espace administratif ou géographique : il est défini par la somme des appartenances et en opposition avec la communauté imaginaire recueillie dans la question de l’identité. “Dites-moi ce qui vous permet de subsister, ce que vous pouvez représenter, ce que vous êtes prêt à entretenir et à défendre, je vous dirai quel est votre territoire.”
Bien sûr, et nous en sommes conscients, les termes sol, terroir, terre, heimat… peuvent sembler inadéquats, voire dangereux. Tous, en effet, risquent de se trouver associés, d’une façon ou d’une autre, à des politiques “réactionnaires” et ils l’ont été au cours des siècles précédents. Mais, en même temps, la crise générale d’appartenance et l’atterrissage sur une “nouvelle terre” (en tout cas sur une terre nouvellement définie) exigent de se reposer la question des attachements et de revenir aux interrogations fondamentales de l’anthropologie politique : quel peuple, sur quel sol, dans quel but commun? Le projet est à la fois ambitieux et délicat : accepter d’interroger ces notions périlleuses, sinon toxiques, sans réduire aussitôt la question du territoire à l’identité ou aux frontières. Et c’est bien parce que la conduite d’une telle enquête est si délicate qu’elle ne peut reposer que sur une méthode originale, exigeant l’auto-description.
AMI OU ENNEMI ?
Parler d’auto-description, c’est souligner qu’il ne s’agit en aucun cas d’une étude des conditions matérielles des citoyens, conduite par des spécialistes. Certes, tout le travail d’enquête effectué par les sciences naturelles et sociales sur ces territoires devra être une ressource indispensable, mais seulement dans un deuxième temps, une fois aiguisé l’appétit de s’en nourrir. Le problème politique actuel ne tient pas au manque de connaissances, mais au manque de descriptions partagées, après cinquante ans de dépolitisation et d’individualisation. Cette dérive nous a rendus incapables de définir le sol sur lequel nous résidons et donc de déceler les amis avec qui nous sommes prêts à cohabiter aussi bien que les ennemis qu’il nous faut combattre.
Nous avons constaté, dans notre expérience, que le simple fait de poser la question des attachements redonne une attitude politique, une assise nouvelle, presque une fierté, à ceux à qui l’on s’adresse. Cet effet – que l’on pourrait dire thérapeutique, étant donné la désespérance dans laquelle se trouvent souvent les acteurs – se distingue radicalement du recueil d’opinions ou de l’expression des valeurs auxquelles sont supposés tenir les gens interrogés. Sonder les citoyens sur leurs valeurs ou leurs opinions ne produit pas forcément grand-chose en termes de compréhension du territoire vécu et ne définit aucunement les lignes de conflits et de controverses permettant de retrouver des marges de manœuvre. Les centaines de milliers d’opinions recueillies pas le “grand débat” n’ont pas accouché de beaucoup de descriptions ayant aidé des citoyens à reprendre pied. Rien à voir, de ce point de vue, avec l’ampleur et l’importance des “cahiers de doléances” qui ont précédé la Révolution française en 1789 et qui ont permis au peuple français d’émerger de la description méticuleuse de ses conditions de vie. »
Extrait de la Revue Projet «Savons-nous encore débattre ?», numéro 373 - décembre 2019 / janvier 2020


Ce fanzine est réalisé dans le cadre d’une co-recherche sur l’expérimentation “Où atterrir ?” à partir des travaux de Bruno Latour avec la philosophe Aline Wiame, les artistes-chercheur.ses Marion Albert, Maëliss Le Bricon et Loïc Chabrier du Collectif Rivage. Ensemble, ils sont lauréats de l’appel à projet TIRIS de l’Université de Toulouse en 2024 en partenariat avec le Quai des Savoirs.
ouatterrir.toulouse@gmail.com
www.collectifrivage.com

Conférences et interview
L'atelier-conférence animé par Bruno Latour à Saint-Junien (extrait partagé pendant l'atelier 1, 17:37 jusqu'à 29:25).
L’interview sur France Inter le 7 janvier 22 : Bruno Latour : "Les écologistes ne peuvent pas espérer mobiliser sans faire le travail idéologique"
L'émission du 23 février 2022 :